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Révèle-moi !


Encouragement authentique pour le clergé et autres leaders spirituels


© 2017, 2022 - Rev. Étienne LeSage, M.Div. B.Sc.

Passages bibliques : Mt 10:16-31 and 1 Cor 4:1-8

Présenté en anglais à la célébration des ministères du Synode d'Hamilton

Port Elgin ON, 28 mai 2017 –

Ordination de Deborah Ambridge Fisher, Roni Beharry, Jenn Hind and Katherine Knoke –

Admission de Tim Kennedy and Martha Lockwood –

dans l'Ordre du ministère de l'Église unie du Canada

«Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups», a dit Jésus. En entendant ça, nos candidates et candidats pensent peut-être : «Oh, génial : après un si long processus qui a mis mon cœur, mon esprit et ma foi à l'épreuve, je dois maintenant m'attendre à être dévoré ? De toutes les citations de Jésus, c'est celle-là que je dois entendre le jour où je vais enfin être reçue dans le clergé ? Eh bien, merci pour rien, Étienne.»


Eille, ne tirez pas sur le messager. Il y a deux ans, quand j'ai été ordonné pasteur, je surfais sur la joie de l'Esprit, et j'espère que vous aussi, à juste titre ! Au-delà de cette joie, je veux vous donner quelque chose qui pourrait vous être utile à l'avenir durant ces moments où vous serez moins joyeuses. Devenir leader n'est jamais facile, et l'Église n'y fait pas exception. Le titre de Révérend, Révérende ne vous apportera pas toujours le respect et la collaboration que vous attendez de la part des personnes que vous servirez au nom du Christ. Entre la gratitude, la défense de vos droits, la joie et le ressentiment, vous aimerez solidement les gens, et ils vous aimeront en retour. Mais parfois ils vous jugeront, et vous les jugerez aussi. Quand ça arrivera, affronter les jugements sur qui vous êtes vous semblera injuste. C'est à ce moment-là que l'ego devient lourd et douloureux. L'esprit cherchera un moyen de sortir de la tristesse et l'anxiété.


Nous pourrions demander l'avis d'une tortue théologique. Vous la connaissez, vous l'avez rencontrée au séminaire ou lors de vos stages. C'est elle qui dit : " oh, vous savez, la transformation de l'identité et des relations dans le cadre d'un leadership sain, ça prend du temps. Comme tout le reste, ça demeure un cheminement. " Quand l'ego est meurtri et fatigué, il ne veut pas d'un cheminement sinueux, il veut une solution. L'ego veut bouger et utiliser le peu de temps dont il croit disposer pour faire ce qu'il pense être le véritable ministère, sans délai. Il ne veut pas être bloqué par la politique, les cliques, les humeurs et la mesquinerie des gens qui projettent leur peur, leur anxiété et leur vulnérabilité dans des jugements contre vous et d'autres membres de leur communauté. L'ego souhaite : «Oh, si les gens pouvaient seulement voir mes intentions et mon dévouement, ils ne seraient pas comme ça avec moi... Oh, si je pouvais rapidement voir qui sont mes alliés dignes de confiance...»


Eh bien, c'est maintenant possible. Et si je vous donnais un moyen de troquer les pas angoissants de la tortue théologique contre les bonds fulgurants de la génétique moderne ? Imaginez une solution qui se présente sous la forme d'une petite seringue, un produit révolutionnaire appelé «Révèle-moi», accessible à toute personne désireuse d'être comprise.


Voici comment ça fonctionne : une fois que vous et d'autres personnes avez pris l'injection, elle transforme le corps des gens en un miroir en temps réel de leur cœur. Appelons cela l'authenticité constructive, qui vous montre précisément tel et telle que vous êtes. Avez-vous des motivations aimables à l'intérieur ? Alors vous brillerez de beauté, et les gens sauront qu'ils peuvent vous suivre ! Il n'y a plus de mauvais jour pourvu que vous n'ayez pas des jours de mauvaise attitude. Si vous avez rempli votre cœur de quelque chose de sombre, le miroir vous dira qu'il est temps de l'ajuster. Oh oh, est-ce que j'entrevois des rides de la défense constante, des pores bouchés par le ressentiment, les crocs de la colère et de la vengeance ? Vous feriez mieux de travailler là-dessus si vous ne voulez pas ressembler à la méchante sorcière de l'Ouest... Ne serait-il pas facile et grandiose de se fier à n'importe quel miroir pour une mesure évidente de notre maquillage émotionnel et spirituel ? Pensez à toute l'énergie que nous pourrions économiser avec ce genre de connaissance instantanée. Imaginez la facilité de mise au point des relations pour quiconque dirige, élève, éduque, sert et influence. Il suffit de s'en occuper et de passer à autre chose !


Alors, Jésus a dit : «Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.» Pas de problème, nous pourrions en rire parce qu'avec «Révèle-moi», nous venons de trouver un moyen de réduire le nombre de loups déguisés ; qui dirait non à une beauté intérieure et extérieure croissante ? Des volontaires ?


OK, peut-être que je devrais me démasquer aussi, alors. Ne soyez pas trop excités, «Révèle-moi» est un piège. C'est la nouvelle pomme qui pend de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, le fruit de la tentation qui attend notre morsure. Mais attention : ce serpent pharmaceutique omet de tout nous dire. Même si presque tous les groupes tests utilisant «Révèle-moi» croîtraient dans l'espoir et la vérité au début, la barre serait placée trop haut. Il y aurait toujours quelque chose qui éclaterait. Vous savez, ce gros bouton qui apparaît sur votre visage juste avant un rendez-vous important ? Nous avons tous une part d'obscurité, des désirs qui ne sont pas si purs, des blessures et des imperfections qui se manifestent parfois. Cela serait toujours révélé publiquement, et les cobayes finiraient par être obsédés, essayant de croître encore et encore pour que cela disparaisse de leur visage. Mais viser cette beauté parfaitement reflétée est inatteignable, et ils s'enfonceraient dans le doute, détestant leurs défauts mis en évidence.


«Révèle-moi» ne durerait pas dans le ministère. Il nous révèle, mais ne révèle pas Dieu. Comme notre collègue Nadia Bolz-Weber me l'a dit la semaine dernière au Texas : «La grâce de Dieu n'est pas un projet de croissance personnelle.» Dieu ne cherche pas à appeler les cœurs autosuffisants les plus purs, car nous redécouvrons la grâce de Dieu lorsque les cœurs s'ouvrent encore et encore. Dieu verra votre besoin d'amour, d'acceptation, de respect et de soutien. Dieu verra votre besoin de validation, de sens et d'attention. Dieu verra que vous ne cherchez pas toujours à combler ces besoins de manière noble, tout comme les personnes que vous guiderez. Dieu verra votre visage et votre cœur à vif, mais ne vous rejettera jamais loin des siens. Dieu verra encore votre beauté et vous appellera à vous en souvenir tandis que vous révèlerez la sienne.


Ma transformation de candidat, d'étudiant à pasteur m'a fait vivre un tel tourbillon de joies et de défis, de louanges et de critiques. Elle est toute fraîche et toujours en cours. Ne vous méprenez pas : c'est merveilleux d'être pasteur. Je remercie toujours Dieu de nous avoir appelés, vous et moi, aujourd'hui. On ne s'ennuie jamais dans le ministère. Pas un jour n'est pareil au précédent. Mais, malheureusement, vous ne pouvez pas vous préparer complètement aux défis bruts qui vous briseront le cœur, ni planifier l'action étonnante de Dieu qui le réparera encore et encore avec une joie désarmante. Ce tourbillon constant demande de l'énergie, et votre cœur compatissant se sentira comme du pain trop pétri. Vous pourriez vous sentir emmuré dans le silo de toutes les limites que vous n'avez pas le choix de faire respecter pour l protéger et guidez vos brebis sainement; vous sentirez la solitude. Certaines nuits, vous présenterez à Dieu des épaules lourdes : "Oh, mon bon berger, ces verts pâturages où tu nous conduis, ne sont-ils pas pour moi aussi ? Où puis-je me coucher pour reposer mon âme ? J'étais plein d'espoir et de confiance lorsqu'ils m'ont imposé les mains, j'aime ma communauté, c'est un privilège d'être avec eux. Merci, mon Dieu, mais j'ai l'impression que je ne serai jamais assez bien pour ce rôle ! C'est ça ; peut-être que je ne suis pas assez bon, pas assez bonne." J'en suis un bon exemple : j'ai prié pour vous en écrivant ce sermon, mes chères candidates et candidats. J’ai demandé : « Dieu, tu ne penses pas qu'ils mériteraient d'entendre un sermon d'ordination de la part d'un meilleur pasteur que moi ? »


Oups ! Voilà l'alarme qui crie «retourne aux Écritures, pis ça presse!» sur le tableau de bord d'un pasteur qui a besoin de faire le plein... Aucun d'entre nous ne sera confronté à la persécution qu'ont vécue les premiers fondateurs chrétiens. Nous ne serons pas flagellés et tués, mais nous aurons parfois l'impression d'être traînés dans la boue par les gens mécontents lorsque Dieu ou l'Église ne font pas ce qu'ils veulent, voyant d'un mauvais œil nos tentatives sincères et fidèles de faire le bien. Nous sentirons notre vulnérabilité de brebis écrasée sous la dent des loups, et nous pourrions même avoir envie de les mordre nous-mêmes. Mais Jésus ne dit pas : "Maintenant bonne chance, et si vous vous faites dévorer, au moins ce sera pour la gloire de Dieu !"

Jésus dit : vous valez tellement pour Dieu, «qu'aucun de vos cheveux ne tombera à terre sans Dieu (Mt 10, 29b-30) !» Il est impossible que Dieu puisse compter vos cheveux sans être toujours avec vous. D'accord, ce sera parfois difficile, mais ne vous inquiétez pas. Tout ce qui doit être révélé le sera : « les paroles que vous aurez à prononcer vous seront données à ce moment-là : elles ne viendront pas de vous, mais l'Esprit de votre Père parlera en vous. » (Mt 10, 19-20)

En parlant de refaire le plein, j'ai prié avec 1800 collègues du clergé la semaine dernière au Festival de l’homélitique à San Antonio, Texas. Nous savions que, bien assez tôt, nous il nous faudrait rentrer chez nous et être de bons pasteurs et pasteures sains pour les personnes dont nous avons la charge. Mais en attendant, nous voulions tous et toutes être nourris par les meilleurs prédicateures et conférenciers parmi nos pairs. Et ça a réussi ; nous avons été nourris. On ne pouvait s'empêcher de penser que nous n'étions pas seuls, qu'on faisait partie de quelque chose de si grand. Les silos se sont ouverts. J'ai découvert que les pros partagent les mêmes joies et les mêmes défis que les pasteurs moins expérimentés. J'ai dit à Barbara Brown Taylor, une de mes idoles, que je me préparais à prêcher à votre ordination. Elle m'a répondu : "Être nerveux, c'est comme être excité sans souffle. Respire et rappelle-toi que les gens veulent t'entendre. Ils veulent être avec toi. Merci pour ton ministère".


Sur le chemin du retour, j'ai rendu visite à l'un de mes paroissiens qui s'est cassé la hanche et a perdu la vue la même semaine. Deux coups durs, et je ne savais pas trop ce que j'allais dire. Il était si ému lorsqu'il a entendu ma voix qu'il a pleuré : "Mon pasteur, mon pasteur est ici ! J'espérais te revoir." Je n'ai pas eu besoin d'être le plus éloquent pour l'aider à revisiter les histoires d'amour spirituel de sa vie. Je n'ai pas eu besoin de dire grand-chose pour l'aider à verser des larmes libératrices ; il m'a serré la main et m'a dit : "Je ne savais pas que des gens m'aimaient autant, hier et aujourd'hui. Je suppose que Dieu n'en a pas fini avec moi. Merci beaucoup". Dieu parlera également à travers vos collègues et vos paroisses de l'option alternative à l'injection «Révèle-Moi». L'alternative est que vous êtes « assez ». Vous êtes toujours aimé et choisie pour occuper ce rôle. Révélez Dieu à la place !


Lorsque la sonnerie d'alarme retentit dans nos cœurs pastoraux, nous devrions nous rappeler de nous ranger du côté d'un autre pasteur légendaire de nombreuses communautés. Lorsque Paul a été mis au défi, il a dû affirmer sa valeur en tant que pasteur, même dans le doute. Les Corinthiens le comparaient à d'autres, mais lui, il n'avait pas le choix. Il a écrit : « Moi, cela m'est égal : vous pouvez me juger, un tribunal humain peut me juger, mais je ne me juge pas moi-même. Je pense que je n'ai rien à me reprocher, mais cela ne veut pas dire que je suis innocent. Mon juge, c'est le Seigneur. (1 Co 4;3-4) » Paul ne dit pas qu'il est ou qu'il doit être parfait. Mais en tant que serviteur du Christ et intendant des mystères de Dieu, il ne se jugera pas lui-même ni les autres. Il ne gaspillera pas d'énergie à essayer de faire valoir ses arguments au tribunal de l'ego. Il n'essaiera pas de trouver une solution comme une injection pour se révéler et améliorer ses chances d'être acquitté. Il ne veut même pas se rendre au tribunal. Il choisit de s'en tenir au jugement digne de confiance que Dieu a déjà prononcé.



Deborah, Roni, Jenn, Tim, Katherine et Martha, mes candidates et candidats à l'ordination et l'admission, vous qui êtes courageux, intelligentes, passionnés, aimants et vulnérables candidats à l'ordination et à l'admission,

entendez le verdict de Dieu à votre sujet : au-delà de vos défis, vous brillez par votre beauté et votre compétence. Vous êtes dignes de vous joindre au clergé de l'Église universelle, maintenant. Jésus a appelé et envoyé ses apôtres par leur nom, et de la même manière, je vous appelle à rejoindre la succession apostolique. Je suis Dieu, je suis celui que je suis, et je sais ce que je fais, même si vous, vous ne le savez pas. Comme ceux et celles que j'ai appelés avant vous posent leurs mains sur vous, mon Église reconnaît mon jugement et vous relie aux mains du Christ, qui les a tous touchés et étreints. Me laisseras-tu t'étreindre ? Veux-tu étreindre pour moi ceux que je t'envoie ? Maintenant, dis oui, dis-le encore et laisse ma grâce te montrer que tu auras toujours de nombreuses raisons d'espérer et de te réjouir de ma présence dans ton ministère.

Je serai là lorsque tu riras et chanteras avec mon peuple, quand tu accueilleras et encourageras les personnes seules, quand tu pleureras les deuils et que tu chercheras à donner dignité et inclusion aux personnes marginalisées.


Je serai là lorsque tu baptiseras ceux qui osent tenter leur chance avec moi ; lorsque tu rassureras les parents qui, comme toi, sont nerveux face à la responsabilité de prendre soin de cœurs vulnérables.


Je serai là lorsqu'une personne itinérante te souhaitera une bonne fête des mères parce que tu es pour elle ce qu'il a de plus proche d'un parent.


Je serai là lorsque des cœurs impuissants donneront des coups de pied et crieront pour avoir plus de contrôle, lorsque tu parleras à des oreilles fermées et lorsqu'elles s'ouvriront pour risquer de nouvelles idées avec toi.


Je serai là lorsque tu réconforteras les blessés dont les mains sont transpercées par encore un autre clou ; lorsque tu parleras aux personnes tourmentées, aux désespérés et aux mourants.


Je serai là lorsque tu enseigneras que personne n'est trop jeune, trop vieux ou trop brisé pour avoir un avenir avec moi. Je suis Dieu !


Lorsqu'ils s'ouvriront tous pour te montrer leur fragilité que j'ai toujours chérie, je t'aiderai à les envelopper dans la chaleureuse proclamation que je dépose sur toi maintenant : je t'aime, tu es tout pour moi, et ils le sont aussi. Dis oui à ma grâce qui t'appelle, encore et encore. Je te surprendrai avec des surprises de bonté, de compassion, d'amour et de compréhension. Cherche toujours avec moi l'espoir d'un jour nouveau. Tu es à moi ; c'est ma parole. Laisse-moi bénir ton ministère et ta vie. Dis oui ! AMEN.

 
 
 

   © 2021-2022 Etienne LeSage

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